Le JDD du 7 avril 2016 publie une interview de Jérôme Tomasini sur son conseil aux politiques pour leur relation à Twitter : “L’essentiel pour un politique sur Twitter n’est pas d’avoir le plus de followers”
Ce passage en particulier a retenu notre attention :
Il faut que l’abonné ait l’impression — et encore mieux la certitude — d’être en ligne direct avec son interlocuteur politique, d’avoir son message en avant-première et d’avoir la capacité de faire passer lui-même un message. Et peut-être même d’avoir une réponse, c’est ce qui donne du sel à la plateforme. L’essentiel pour un politique n’est pas tant d’avoir le plus de followers, mais d’être en face de personnes qui répondent, qui agissent.
Des blogs à Twitter, même lutte contre les intermédiaires
Cette nécessité de “l’authenticité” était déjà un argument en faveur de la communication sans intermédiaire promise par Internet et les blogs, et sûrement avant par l’e-mail. Quand les blogs sont entrés en politique en France, en 2005, la question de savoir si la personnalité politique écrivait elle-même ses billets était souvent posée, voire primait sur toutes les autres questions.
Certain.e.s se prêtaient au jeu, d’autres avouaient que c’était une équipe. Puis la communication politique a repris ses droits et il devenait de plus en plus évident que le propriétaire du blog n’écrivait pas tout. Cette demande de communication directe est ensuite passée à Facebook (« est-il / est-elle réellement derrière son clavier — puis son téléphone — pour poster ses statuts ? ») et ensuite à Twitter (« c’est lui qui tweete ? »).
Cette demande de communication sans intermédiaire, directe, est propre au numérique. Les lettres du député ou le journal de votre maire ne sont pas écrits par les élu.e.s, et cela n’a jamais choqué personne. La question de savoir si un discours ou un édito était écrit de la main de l’élu.e n’était pas non plus une question importante.
La communication, politique ou non, est chose sérieuse. Si la spontanéité est nécessaire, surtout sur un média comme Twitter, personne ne peut se permettre de dire n’importe quoi. Un contrôle même minimum de sa parole est nécessaire, a fortiori quand on est élu national ou à la tête d’une grande ville.
Le contrôle et la maîtrise des techniques de communication sont rendus encore plus évidents alors que la vidéo en direct, via l’application Périscope, est annoncée par le cadre de Twitter France comme « à la fois le prolongement de Twitter et son dépassement ». Certes, n’importe qui peut allumer son smartphone et diffuser, mais savoir parler face caméra et ciseler son discours exige de la préparation ou pas mal d’expérience (ce que Gérard Larcher, l’exemple donné par Jérôme Tomasini, possède).

Le paradoxe de la proximité feinte
Personne n’est totalement dupe de la proximité offerte par Twitter avec les politiques. Sans être totalement cynique, on peut être sûr qu’elle n’est parfois qu’un des éléments de la politique de communication numérique mise en place autour de l’élu.e ou de l’institution.
Bien sûr, cela ne signifie pas que Twitter n’apporte rien de neuf à la communication politique : les possibilités d’échanges et de dialogues sont infinies et Twitter a raison de promouvoir les utilisations de l’outil par des politiques, tant ce réseau social est devenu une machine à produire de l’information, contacter ses sympathisants et ouvrir le débat.